à l'Assemblée nationale
Intervention 2ème séance du mercredi 17 avril (Projet de loi sur le Mariage pour tous)
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(La séance, suspendue à vingt-trois heures, est reprise à vingt-trois heures dix.)
M. le président. La séance est reprise. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz.
Mme Marie-Christine Dalloz. Monsieur le président, madame la garde des Sceaux, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, deux manifestations contre ce projet de loi ont réuni plus d’un million de personnes chacune. Une pétition signée par plus de 700 000 personnes a été envoyée au Conseil économique et social. La mobilisation des opposants à ce texte ne faiblit pas. Enfin, l’opinion est majoritairement défavorable à l’adoption, à la PMA et à la GPA pour les couples homosexuels.
Tout cela, vous le balayez d’un revers de main ! Pour preuve de sa considération, le Gouvernement a avancé d’un mois le vote du texte, qui était initialement prévu le 20 mai. La majorité surenchérit et décide de recourir à la procédure du temps législatif programmé lors des débats en seconde lecture à l’Assemblée nationale. Il nous reste donc vingt-cinq petites heures pour nous dresser, comme un ultime rempart, contre une destruction majeure de notre société. Il nous reste vingt-cinq courtes heures avant que le mariage ne soit plus l’union d’un homme et d’une femme, et que l’enfant ne soit plus un don, mais une marchandise ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Mais c’est la réalité ! On nous reproche de ressasser les mêmes arguments !
Et nous le ferons encore parce que nous n’avons pas été entendus !
Être contre le mariage des homosexuels n’est pas de l’homophobie. Sortons de la caricature et du sophisme, il est encore temps ! Depuis le début, l’opposition prône la création de l’alliance civile pour les couples homosexuels, qui ouvrirait les mêmes droits que le mariage sauf en ce qui concerne les enfants. Vous brandissez à tort et à travers l’étendard de l’égalité, alors qu’il ne s’agit que d’égalitarisme ! Non, un couple homme-femme, ce n’est pas identique à un couple d’hommes ou à un couple de femmes. L’affirmer revient à nier la notion même de différence des sexes et la distinction anthropologique des hommes et des femmes qui en découlent. Ou alors prônez-vous également la théorie du genre sans le dire ? Il n’y a rien de blâmable à traiter différemment des situations différentes.
C’est même précisément ce qui découle du principe d’égalité correctement appliqué ! Chacun est libre de vivre sa sexualité comme il l’entend tant que ses choix privés ne sont pas contraires à l’ordre public. D’ailleurs, historiquement, si la loi protège le mariage, c’est avant tout pour en préserver les fruits et non pour donner des droits à un couple. C’est l’enfant que le mariage préserve, l’enfant et la vraisemblance de sa filiation, le droit de l’enfant à avoir une mère et un père.
Ce débat nous permet de toucher du doigt les frontières du droit et de la loi. Les limites sont des garde-fous, des sécurités. En l’espèce, la réalité s’impose. Ce que la nature ne permet pas, la loi n’a pas à l’autoriser. Dès lors, si vivre sa sexualité est incompatible avec la conception d’un enfant, nous n’avons pas à le créer ex nihilo ! Détruisons ces barrières et nous créerons un avenir encore plus vide de repères et de sens ! C’est peut-être ce que vous souhaitez ! Moi pas !
Effectivement, votre projet fait sens si on l’associe à votre tentative d’autoriser la recherche sur l’embryon humain (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC), ce à quoi nous avons échappé récemment ! Vous voulez une société où l’on instrumentalisera les plus faibles pour combler le désir d’enfants de deux hommes ou de deux femmes ou pour en faire profiter la recherche médicale. Nous refusons le droit à l’enfant et la requalification de l’embryon in vitro en matériel médical.
Vous voulez lisser toutes les différences et nier la nécessité de la complémentarité homme-femme dans la cellule familiale. Nous croyons que l’enfant se structure dans l’altérité de ses parents et qu’il dispose en la matière d’un droit naturel.
Votre conception n’est effectivement pas la même que la mienne !
Il est fondamental de ne pas jouer aux apprentis sorciers avec des notions aussi structurantes. C’est pourquoi, je vous conjure instamment de renoncer à passer en force ce projet de loi ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)